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Page:Séché - Les Muses françaises, I, 1908.djvu/270

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LES MUSES FRANÇAISES

Oh ! crains qu’elle te montre
Seulement son pied blanc ;
Ou songe, à sa rencontre,
À se signer, tremblant.

À son regard perfide
Ne va pas t’exposer,
Ici bas la sylphide
Ne saurait se poser.
Pétulante et menue,
L’air est son élément.
Elle enfourche la nue
Et chevauche le vent.

Quand la lune se lève,
Sur le pâle rayon
Elle vient comme un rêve,
Dansante vision.
Le duvet que promène
Le souffle d’un lutin
Est le char qui l’emmène
Au retour du matin.

Au bord des lacs humides.
Dans la brume des soirs.
De ses ailes rapides
Effleurant les flots noirs.
Sur un flocon d’écume
Que le vent fait vaguer,
Molle comme une plume,
Elle aime à naviguer.

Lorsqu’à grand bruit l’orage
Court sur le bois flétri,
La fleur d’un lis sauvage
Souvent lui sert d’abri :
La tempête calmée.
Elle prend son essor,
Et s’envole embaumée
D’une poussière d’or.

Au nid de l’hirondelle
Qui pend sous le rocher,
Parfois, pliant son aile.
On la voit se cacher ;