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LOUISE COLET

Je crois le voir. C’est lui ! tout mon être s’élance. Non ! il est loin ; partout solitude et silence. Passés dans l’abandon, les beaux soirs font pleurer.

SONNET

Veillant et travaillant, ô mon noble poète !
Lorsque tu seras triste et que mon souvenir,
Ainsi qu’un ami vrai, viendra t’entretenir,
En L´écoutant, ému, tu pencheras la tête.

Tu me verras courant à toi, te faisant fête ;
Avec un bel enfant qui semblait te bénir.
Le logis, la servante, en t’entendant venir,
Tout riait, tout chantait de me voir satisfaite.

On t’aimait ; l’humble toit, les cœurs t’étaient ouverts.
C’était peu pour ta gloire et peu pour ta fortune,
Mais la sincérité n’est pas chose commune.

Souviens-t’en, quand viendra la douleur importune ;
Moi, je ne me souviens que du beau clair de lune
Où tu m’as dit : Je t’aime ! et je relis tes vers.

VEILLÉE

La pente où toujours mon cœur glisse et s’oublie
En me retrouvant soûle durant la nuit.
C’est toi. mon amour, toi que rien ne délie ;
Tu restes, tu vis. quand tout meurt, quand tout fuit
Les autres n’étaient que des fantômes pâles.
Repoussant mon cœur d´un cœur épouvanté ;
Mais toi. fier amant dos choses idéales.
De ma passion t’émut l’immensité !

Tu la sentis vraie et tu compris qu’en elle,
Ainsi que dans l’art, ta passion à toi.
Était contenue une essence éternelle ;
Ton cœur s’attendrit , et tu revins à moi.

Dans tes vision, et d’homme et de poète
Passa l’idéal. et vers lui tu marchas ;