Aller au contenu

Page:Séché - Les Muses françaises, I, 1908.djvu/49

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
47
LES DAMES DES ROCHES

Puis, fermant l’une et l’autre aile.
Il la suit comme un enfant.
Il repose dans son sein
Et joue en sa tresse blonde,
Frisotée comme l’onde
Qui coule du petit Clain ;
Il regarde par ses yeux.
Parle et répond par sa bouche,
Par ses mains les mains il touche,
N’épargnant hommes ni dieux.
Quand il s’en vient entre nous,
Un souris lui sert d’escorte ;
Mais qui n’ouvrirait sa porte,
Le voyant humble et si doux ?
Hà, Dieu ! quelle trahison,
Sous une fraude tant douce !
Je crains beaucoup qu’il me pousse
Hors de ma propre maison.

à ma quenouille

Quenouille, mon souci, je vous promets et jure
De vous aimer toujours, et jamais ne changer
Votre honneur domestiqu’ pour un bien étranger
Qui erre inconstamment et fort peu de temps dure.

Vous ayant au côté, je suis beaucoup plus sûre
Que si encre et papier se venaient arranger
Tout à l’entour de moi : car, pour me revenger,
Vous pouvez bien plutôt repousser une injure.

Mais, quenouille, ma mie, il ne faut pas pourtant
Que, pour vous estimer, et pour vous aimer tant.
Je délaisse de tout cette honnête coutume

D’écrire quelquefois : en écrivant ainsi,
J’écris de vos valeurs, quenouille, mon souci.
Ayant dedans la main le fuseau et la plume.

sonnet

Adieu, jardin plaisant, doux objet de ma vue.
Je prends humble congé de l´émail de vos fleurs,
De vos petits zéphirs, de vos douces odeurs.
De votre ombrage frais, de votre herbe menue.