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Page:Séché - Les Muses françaises, I, 1908.djvu/9

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PRÉFACE




Une anthologie de femmes-poètes ! — Eh oui, pourquoi pas ?

Sans doute, on pourrait objecter que les plus illustres Muses avaient déjà trouvé place auprès de leurs frères, les poètes, dans les principales anthologies publiées jusqu’ici, et qu’il n’était point nécessaire d’en faire un groupe à part, de procéder, en quelque sorte, à une séparation des sexes, — vu que l’art ignore ces distinctions. — Peut-être. Cependant, et bien que cette opinion se défende aisément, les raisons qui m’ont conduit à entreprendre le présent ouvrage peuvent, il me semble, trouver aussi leur justification.

On a dit du XIXe siècle que ce fut le siècle de la vapeur. Le XXe siècle sera le siècle de la femme. — Dans les sciences, dans les arts, dans les affaires et jusque dans la politique, la femme jouera un rôle de plus en plus important. Mais c’est dans les lettres surtout, — et particulièrement dans la poésie, — qu’elle est appelée à tenir une place considérable. En nos temps d’émancipation féminine, alors que, pour conquérir sa liberté, la femme accepte résolument de travailler, — quel travail saurait mieux lui convenir que le travail littéraire ? ! Et, s’il est exact, — comme on l’a écrit, — que l’état poétique (l’état psychique) est un état féminin, n’est-ce pas naturel qu’elle cultive la poésie puisque pour ce faire, il ne lui en coûtera aucun effort. Poète par essence, elle s’exprimera aussi facilement en vers qu’en prose. Plus facilement même, car elle n’aura point à se préoccuper d’inventer des intrigues, de se créer un genre, de se faire le champion d’une idée quelconque ; — non, il lui suffira d’aimer, de souffrir, de vivre. Sa sensibilité, voilà le meilleur de son imagination. Elle chantera ses joies et ses peines, elle écoutera battre son cœur, et tout ce qu’elle