Aller au contenu

Page:Séché - Les Muses françaises, I, 1908.djvu/96

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il dispose tout bien, et même à son trépas,
Il voulut accomplir de tout point l’Écriture.

La mort qui talonnait son humaine nature
Rendit son corps divin si mortellement las.
Que ce verbe éternel soutenant les combats,
Dit tout est consommé, père voici mon heure.

J’ai ouvert les sept sceaux du livre cacheté,
Satan est ruiné, mon peuple est racheté.
J’ai choisi dans mon cœur une épouse nouvelle

Les portes de l’enfer sous elle trembleront,
Et tant qu’à l’avenir les siècles dureront,
Elle doit être en moi, comme je suis en elle.


VII


La nuit qui couvre tout de ses ailes obscures,
Cacha les membres nus de Jésus-Christ mourant,
Nul des cruels juifs ne le fut secourant.
Mais en le tourmentant lui disaient mille injures,

La mort qui bien sentait ces mortelles pointures,[1]
Ne lui pouvait aider sinon qu’en soupirant.
Mais cette triste nuit son seigneur honorant,
Déploya son manteau, repos des créatures.

nuit, heureuse nuit, qui asservi ton Dieu,
Faisant tous les meurtriers retirer de ce lieu,
Afin d’être approché de ceux qui le désirent :

Venez tous travailler, et chargés de péché,
Voyez le fils de Dieu sur la croix attaché.
Qui oyt[2] bénignement les pécheurs qui soupirent.


VII


Ainsi que le berger qui voit une tempête
S’épaissir dedans l’air d’une noire couleur,

  1. douleur
  2. Ecoute, entend