Aller au contenu

Page:Séché - Les Muses françaises, II, 1908.djvu/145

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
139

ROSEMONDE GÈRARD


Je vous laisse mes gants et mon ombrelle rose,
Et je vous laisse encor, n’ayant pas autre chose,
Tous mes petits rubans de toutes les couleurs,

Le missel que pour vous je lisais à la messe,
L’anneau d’argent bruni, sceau de notre promesse,
Et ma tombe, ami cher, avec toutes ses fleurs.

TOI DONT LA ROBUSTE TENDRESSE


Toi dont la robuste tendresse
Me soutient, ô doux compagnon
Des jours de joie et de tristesse,
Je viens te demander pardon.

Ami, les femmes sont frivoles
Et parlent sans savoir pourquoi…
Pardon de toutes les paroles
Qui ne s’adressent pas à toi.

Les femmes, pauvres insensées.
Ont l’esprit toujours en émoi…
Pardon de toutes les pensées
Qui ne s’envolent pas vers toi.

Les femmes devraient être nées
Rien que pour aimer ici-bas…
Pardon de toutes les années
Où je ne te connaissais pas.

(Les Pipeaux.)