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Page:Séché - Les Muses françaises, II, 1908.djvu/32

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LES MUSES FRANÇAISES

Psyché dans le silence éperdument enlace
Son amant,
Et tout a disparu dans cette longue étreinte,
Excepté
Ce qui dans le cœur laisse une éternelle empreinte,
L’unique volupté.



Aux doutes, aux regrets, aux deuils la femme est née.
Dès ce jour,
Sans cesse vibreront comme un chant d’hyménée
Les cris de son amour ;
Et le frissonnement de son désir qui passe,
Oiseau capricieux,
Emplira l’étendue et comblera l’espace
Des grands cieux.
 
Et Psyché, les yeux clos, dans les divins exordes
De son premier baiser,
A du luth de son cœur déjà senti les cordes
Se briser ;
Elle a, dans cet instant, deviné les tortures,
Les douleurs,
Les désespoirs lointains, les souffrances futures,
Les tourments et les pleurs.




L’Amour s’est endormi — Près de lui Psyché veille.
Elle peut à présent réaliser ses vœux ;
L’Amour s’est endormi ; — de sa tempe vermeille
Psyché, très doucement, écarte les cheveux.

Pour contempler ces traits, qu’elle entrevit à peine
À la blanche clarté du mobile séjour,
Pour contempler ces traits, retenant son haleine,
Psyché, très doucement, s’est penchée à son tour.

Car c’est sa volonté qui maintenant domine.
L’Amour lassé n’est plus qu’un impuissant vainqueur ;
Car c’est sa volonté secrète et féminine
Qui seule a résolu le mystère du cœur.