Aller au contenu

Page:Sand – Le Lis du Japon, 1866.pdf/10

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

JULIEN.

Comment ? Pourquoi ?

MARCEL.

Parce que, à la suite d’un petit procès que j’ai gagné pour elle, pas plus tard qu’hier, ce pavillon que tu habites devient sa propriété.

JULIEN.

Vrai ?

MARCEL.

Notre oncle a quelque envie de l’acheter pour le jeter par terre et agrandir son jardin, qui est de ce côté-ci, séparé par un enclos vague dont il se porte acquéreur.

JULIEN.

Ô mon Dieu ! abattre ce pavillon !

MARCEL.

Ce sera décidé aujourd’hui même !

JULIEN.

Par qui ?

MARCEL.

Par l’architecte, qui doit venir tout à l’heure le visiter. S’il est réparable à peu de frais, la marquise le conserve et y garde un locataire. S’il menace ruine, elle le vend, et l’oncle Thierry le rase pour y planter des tulipes.

JULIEN.

Impossible !

MARCEL.

Ça regarde les tulipes. Si elles veulent pousser.

JULIEN.

Ah ! Marcel, ne ris pas de moi ! je suis désespéré !

MARCEL.

Comment ! c’est si sérieux que ça ? une femme que tu vois… d’assez loin… à qui tu n’as jamais parlé…