Page:Sand - Adriani.djvu/186

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

(la marquise fit une légère inclination de tête), veuille savoir quelle est la personne assez audacieuse pour se présenter ainsi devant elle. Cette personne est audacieuse, en effet, très-audacieuse ; elle ne se le dissimule pas ; mais madame la marquise n’a pas sujet de s’en alarmer, puisque ce n’est pas devant elle que l’audacieux s’attendait à être admis. Il se serait fait présenter à elle selon toutes les formalités requises et avec tout le respect qu’il sait lui devoir, si l’honneur de lui faire sa cour eut été le but de sa visite.

La personne, la prononciation, les manières d’Adriani avaient tant de distinction naturelle et acquise, et, en ce moment, sa volonté donnait quelque chose de si décidé à sa physionomie, que la marquise, se demandant vainement où elle avait entendu prononcer avec éclat le nom de d’Argères, se figura qu’elle voyait devant elle quelque prince étranger. Elle accepta donc paisiblement l’espèce de leçon que lui donnait l’inconnu, certaine qu’il allait y joindre quelque chose d’assez flatteur pour la dédommager.

Adriani poursuivit :

— Cependant, puisque l’occasion me sert si bien, et que me voilà favorisé au point de me trouver en présence des deux châtelaines de Larnac, je ne suis pas assez écolier pour ne pas en profiter avec empressement. J’aurais cru d’abord qu’il me suffisait d’être présenté