Page:Sand - Adriani.djvu/64

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habitation est si laide et si pauvre, que je ne songe pas à en faire les honneurs. Je n’oserais pas non plus vous inviter à partager mon maigre déjeuner ; mais on s’occupe à vous en préparer un meilleur.

J’eus besoin de me rappeler les coutumes hospitalières du pays pour ne pas trouver cette brusque invitation déplacée. Je regardai la femme de chambre, qui me fit rapidement signe d’accepter.

— Oui, oui, monsieur, s’écria-t-elle en me poussant un siège de jardin vis-à-vis de sa maîtresse, je cours veiller à cela, et je reviendrai vous avertir.

Et elle partit, légère comme une vieille linotte.

J’étais embarrassé comme un collégien. On a beau avoir de l’usage, on n’est pas à l’aise dans une situation incompréhensible.

— Monsieur, me dit la belle désolée en me regardant avec un visible effort d’attention, c’est bien impoli de vous avouer que je ne me souviens pas du tout de vous. Ce n’est pas ma faute ; j’ai fait une grande maladie, j’ai oublié beaucoup de choses ; mais la femme qui me soigne, et qui est une amie pour moi bien plus qu’une servante, m’assure que je vous ai vu, autrefois, chez ma tante, chez ma mère…

Ici, la conversation tomba, car je balbutiai je ne sais quoi d’inintelligible, et madame de Monteluz pensait déjà à autre chose. Elle n’entendit pas mes dénégations, qui