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Page:Sand - Antonia.djvu/100

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son modèle, et qu’il fallait le laisser dessiner sans lui faire d’objections, jusqu’au moment où il en demanderait avec l’intention de s’y rendre, si elles lui semblaient justes.

— Il est bien fier ! dit l’oncle avec humeur. Le voilà qui fait déjà des embarras comme son père ! Croit-il que je lui demande ça comme un service ? j’entends le payer, et tout aussi cher que n’importe qui. Qu’est-ce que ça vaut, une journée de travail de ce monsieur ?

— Il ne veut pas être payé. Il vous demandera votre pratique, si vous êtes content de lui.

— On sait ce que ça veut dire, il me demandera…

— Rien. Vous réglerez tout vous-même. On vous sait généreux quand vous ne haïssez pas les gens, et vous ne haïrez pas Julien quand vous le connaîtrez mieux.

— Eh bien, qu’il vienne tout de suite, qu’il commence !


— Non, il a de l’ouvrage qui presse ; demain, il vous donnera quelques heures pour commencer. Le lendemain, en effet, Julien commença à regarder la plante, et il en fit plusieurs croquis en la prenant dans tous ses aspects. M. Antoine, fidèle aux conventions tracées, ne vit ces essais que lorsque l’artiste les lui soumit. Il en fut plus satisfait qu’il ne voulut le dire. Cette manière consciencieuse d’étudier la structure et l’attitude l’étonnait et lui plaisait. Julien parlait peu, il regardait toujours, et il avait l’air d’ai-