Aller au contenu

Page:Sand - Antonia.djvu/112

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

cadeau ! Je lui rachète sa maison de Sèvres. Hein ! qu’est-ce que vous diriez de ça ?

— Je dirais, mon voisin, s’écria madame d’Estrelle, vivement touchée, que vous êtes le meilleur des hommes !

— Le meilleur, vrai ? dit le richard flatté dans son orgueil jusqu’à l’ivresse : le meilleur, vous dites ?

— Oui, le meilleur riche que je connaisse.

— Alors ça vaut fait ! Voulez-vous venir dîner chez moi demain avec des savants, des gens d’esprit très-fameux, et assister à un baptême ? Voulez-vous être marraine et m’accepter pour votre compère ?

— Oui, à quelle heure ?

— À midi.

— J’irai ! mais avec quelqu’un, puisque vous avez des personnes qui ne me connaissent pas. J’irai avec…

— Avec ma belle-sœur, je vous vois venir !

— Eh bien, vous me le défendez ?

— Vous le défendre ? Savez-vous que vous parlez comme si j’étais votre maître, dit-il avec une sorte de fatuité mystérieuse.

— Comme si vous étiez mon père, répondit Julie avec candeur.

Un vieillard sans chasteté eût été blessé de cette parole ; mais Antoine était chaste dans sa folie, et, nous pouvons l’affirmer, il n’était pas amoureux de Julie. La comtesse seule était l’objet de sa passion. Qu’elle fût sa fille adoptive ou sa femme, peu lui im-