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Page:Sand - Antonia.djvu/133

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silence à Marcel en lui saisissant le bras et en lui disant tout à fait bas :

— Pour Dieu, tais-toi donc ! il y a là quelqu’un qui nous écoute !




IV.


Il y avait quelqu’un en effet, et il était trop tard pour se taire. L’oncle Antoine avait tout entendu. Comment il se trouvait là, furtif, espionnant, dans le jardin de madame d’Estrelle, c’est ce que nous saurons bientôt. Marcel saisit le mouvement de Julien, distingua la fente du rideau, et, se penchant à son tour, il vit le Croquemitaine aux écoutes. Il quitta la croisée et avertit madame d’Estrelle. Un instant on se parla en pantomime. On n’avait encore pu prendre aucun parti, lorsque Antoine, n’entendant plus rien, frappa à la porte du jardin.

C’était un peu comme l’arrivée de la statue au festin de Pierre. Julien allait résolument lui ouvrir, quand madame d’Estrelle s’avisa rapidement de la scène ridicule que provoquerait sa présence, ou de l’éclat fâcheux que son absence pourrait autoriser. Elle prit son parti à l’instant, retint d’autorité Julien en posant sa main sur le bras frémissant du jeune artiste, et, faisant à lui et aux autres le signe de ne pas bouger,