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Page:Sand - Antonia.djvu/145

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Marcel, qui vit son angoisse, le retint.

— Çà, mon oncle, lui dit-il, il faudrait bien savoir où nous en sommes ! La comtesse d’Estrelle a-t-elle obtenu notre grâce, ou bien faut-il que je vende mon étude pour payer le dégât ?

— La comtesse d’Estrelle, répondit le vieillard, est une personne avisée, qui sait faire la différence entre des gens sans cervelle et un homme de bon sens. Vous en verrez la preuve un jour ou l’autre.

Madame Thierry, qui ne pouvait supporter les airs extravagants de son beau-frère, et qui se crut bravée par lui, se leva pour remonter à sa chambre. Antoine s’inclina imperceptiblement, et reprit :

— Je ne dis pas ça pour vous, madame André. Je ne vous dis rien !…

— Je ne vous dis rien non plus, répondit la veuve d’un ton dont elle voulut en vain, par prudence, étouffer l’amertume dédaigneuse.

Et, saluant M. Antoine, elle se retira.

Julien rongeait son frein en silence, incapable de s’humilier en excuses, et Marcel suivait d’un œil perçant les mouvements gauches et désordonnés de l’horticulteur.

— Qu’est-ce que vous avez, mon oncle ? lui dit-il quand madame Thierry fut sortie. Vous couvez quelque chose de bon ou de mauvais ? Dites-nous la vérité, ça vaudra mieux.

— La vérité, la vérité,… répondit M. Antoine, on la verra, on la connaîtra à son jour et à son heure,