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Page:Sand - Antonia.djvu/150

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Antoine ne put soutenir le regard pénétrant et hardi de Julien.

— Allons ! vite ! dit-il avec humeur, porte ma lettre.

— J’y cours, répondit Julien.

Il prit son chapeau.

— Où vous remettrai-je la réponse ?

— Dans la rue, à la porte de l’hôtel, où je vais t’attendre. Nous sortons tous les deux.

Ils sortirent en effet. Julien alla droit au suisse, observé par l’oncle, qui ne le perdait pas de vue ; mais, au lieu de confier la lettre à ce fonctionnaire, ainsi qu’il l’avait résolu d’abord, il lui annonça qu’il voulait parler au valet de chambre, et traversa la cour d’un pas rapide sans se retourner. Arrivé à l’antichambre, Julien remit le message et s’assit sur le banc d’attente, prenant l’attitude d’un homme qui ne s’attend pas à être reçu, mais en disant au valet :

— Faites savoir à madame la comtesse que, s’il y a une réponse, le neveu de M. Antoine Thierry est là de sa part, pour la lui porter.

Julien attendit trois minutes. Le valet revint et lui dit :

— Madame la comtesse a des renseignements à vous demander. Prenez la peine de passer par ici. Il ouvrit une porte de côté, et marcha devant. Julien le suivit dans un couloir sombre ; puis le valet ouvrit une porte de dégagement, avança un siège et se retira. Julien se trouva seul dans une belle salle à manger dont l’entrée principale lui faisait face. Un instant