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Page:Sand - Antonia.djvu/200

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connaissait pas, qu’il avait amené deux prêtres de la paroisse pour assister un mourant, et qu’il avait ordre de les attendre. À aucun prix, il ne voulait bouger. Julie jeta un regard d’anxiété autour d’elle. Sa voiture n’arrivait pas. Elle souleva le lourd marteau de la porte pour rentrer dans la cour de l’hôtel, La porte ne s’ouvrit pas, soit que des ordres particuliers eussent été donnés à son égard, soit que la consigne générale fût inflexible.

Une frayeur extrême s’empara d’elle ; l’idée de s’en aller seule, à pied, n’était pas admissible ; rester là devant cette porte ne l’était pas davantage. Il n’y avait pas une seule boutique dans la rue, et il lui fallait attendre sa voiture n’importe où, pourvu que ce ne fût pas dans la rue. Les dépendances de l’hôtel d’Ormonde s’étendaient assez loin à sa droite et à sa gauche. D’un côté, c’était une abbaye ; de l’autre, le couvent de la Visitation, où elle pouvait essayer de chercher un refuge ; mais il y avait au moins dix minutes de chemin à faire, et, là, il faudrait parlementer avant d’entrer. Elle avisa en face de l’hôtel d’Ormonde une grande grille qui fermait une allée mitoyenne entre l’hôtel de Puisieux et l’hôtel d’Esirées. Elle pensa qu’en donnant un louis au gardien de la grille il lui permettrait d’attendre dans sa loge. Elle traversa la rue ; mais, au moment de sonner, elle reconnut qu’il n’y avait là ni portier ni sonnette. C’était une porte de service pour les deux enclos. Julie perdait courage, lorsque tout à coup elle vit auprès d’elle, comme s’il