Page:Sand - Antonia.djvu/225

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terez les dettes de son fils, du moins en partie ?

— Non, madame, reprit la douairière, cela ne résulte pas d’une intention qu’il m’ait jamais exprimée. Je connais seulement son opinion, et la voici : vous devriez résolument renoncer à votre douaire, puisqu’il est insuffisant pour acquitter les dettes en question, et l’on verrait à payer le reste.

— On me l’a proposé souvent, madame ; j’ai demandé si l’on voulait bien, en échange de cet abandon, me faire une pension quelconque.

— Êtes-vous absolument sans ressources ? votre famille ne vous a-t-elle rien laissé ?

— Douze cents livres de rente, madame, pas davantage, vous ne l’ignorez pas.

— Eh bien, avec cela on peut vivre, ma chère ; c’est assez pour aller en fiacre, pour voir la comédie en loge grillée, pour fréquenter les femmes de procureur et pour donner le bras dans la rue en plein minuit à des peintres d’enseigne. Ce sont là vos goûts, à ce que l’on dit ; contentez-les, renoncez à vos droits ou laissez vendre à tout prix les biens que vous tenez de la famille d’Estrelle ; peu m’importe à moi ! Tout ce que je désire, c’est que vous fassiez un mariage quelconque qui change votre nom et qui m’empêche d’être jamais confondue avec vous par ceux qui ne nous connaissent point.

— Vous aurez cette satisfaction, madame, répondit Julie en se levant, car, pas plus que vous, je ne voudrais de cette confusion fâcheuse.