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Page:Sand - Antonia.djvu/235

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à perdre. Vous me parlez de choses que je n’entends pas et d’une personne que je n’ai pas l’honneur de recevoir ; si vous n’avez pas d’autre motif pour me venir déranger, souffrez que je vous quitte.

Et, enlevant son étude et sa palette, Julien sortit de l’atelier en jetant à Marcel un coup d’œil expressif qui signifiait : « Tire-toi de là comme tu pourras. »

— C’est bien ! dit la marquise sans se laisser abattre par ce congé en bonne forme. Je me rappellerai la chanson du berger. Voyons un peu la chaumière. Je ne vous ferai grâce de rien ; je veux voir tout le pavillon dehors, dedans, en haut, en bas, comme j’ai vu l’hôtel.

— Allons, madame, dit Marcel, puisque vous l’exigez… Permettez-moi seulement de prévenir ma tante, qui demeure là-haut !

— Non, pas du tout, reprit la douairière en se dirigeant vers la porte, je préviendrai moi-même, et, si l’on me renvoie,… eh bien, j’en serai fort aise, monsieur le procureur !

— Ah ! c’est à en perdre la tête ! s’écria involontairement Marcel ; est-il possible que vous supposiez réellement madame d’Estrelle cachée ici ? Alors venez, madame, je vous montre le chemin. Quand vous en aurez le cœur net…

Marcel était à cent lieues de s’imaginer que Julie fût dans la chambre de sa tante. Tout à coup, et comme il ouvrait brusquement la porte de l’atelier, il vit madame d’Estrelle et madame Thierry devant lui, et resta