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Page:Sand - Antonia.djvu/238

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à Julie un salut d’une déférence très-significative.

— Vous le voyez, dit Marcel, son conseil même proteste contre l’indignité d’une pareille conduite, et, maintenant que cette femme a levé le masque, personne ne sera pour elle contre vous ; mais, pour Dieu, madame, comment vous laissez-vous surprendre ici, où vous ne venez jamais ? Vous êtes imprudente, je dois vous le dire !

— Mon cher Thierry, j’ai à vous parler, répondit Julie. Allez conclure avec la marquise, cédez tout en fait d’argent, sauvez seulement ma petite fortune personnelle, et revenez ici. Je vous y attends.

— Pourquoi ici ? reprit Marcel.

— C’est ce que je vous dirai quand vous serez de retour, répondit Julie.

— En effet, madame, dit Julien dès que Marcel se fut éloigné, par quel malheureux hasard honorez-vous ma mère de votre visite précisément le jour où votre mortelle ennemie vous guette ? Et maintenant pourquoi restez-vous là comme pour la confirmer dans ses étranges soupçons ?

Malgré le ton respectueux et tendre de Julien, ses paroles contenaient une sorte de réprimande qui étonna madame Thierry.

— Julien, dit madame d’Estrelle avec vivacité, le moment d’être sincère est venu. Il est venu plus tôt que je ne l’attendais, mais il s’impose, et je ne veux pas reculer devant la destinée. Ma digne amie, s’écria-t-elle en se jetant au cou de madame Thierry, sachez