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Page:Sand - Antonia.djvu/241

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à l’oncle Antoine, espérant qu’il prendrait envie du jardin et ne marchanderait pas trop malgré sa rancune ; mais l’oncle Antoine s’était tenu coi.

Après une demi-heure de discussion finale sur les articles déjà rédigés, on fit quelques ratures, on remplit quelques blancs. La douairière signa, et, comme Marcel se disposait, tout en rechignant et protestant encore, à soumettre l’acte à la ratification de Julie :

— Pourquoi n’est-elle pas ici ? dit la douairière d’un ton brusque. La chose est assez importante pour qu’elle puisse quitter son cher pavillon pendant quelques minutes !

— Vous avouerez, madame, reprit Marcel, que vous ne traitez pas la comtesse d’Estrelle sur un pied de bénévolence qui doive l’engager à se retrouver en face de vous.

— Bah ! bah ! elle est bien susceptible ! Allez donc la chercher, maître Thierry ! J’ai hâte de m’en aller, et, si, en lisant l’acte, elle fait des façons, je ne suis point faite, moi, pour l’attendre. Qu’elle vienne s’expliquer ici, ce sera plus tôt fini. Que craint-elle ? Je n’ai plus rien à lui dire sur sa conduite, dont, à l’heure qu’il est, je me soucie fort peu, et que, d’ailleurs, je ne lui ai point reprochée. Lui ai-je dit un seul mot tout à l’heure ? Si je lui en ai touché auparavant quelque chose, c’est lorsqu’elle a voulu faire appel à des sentiments que je ne lui dois point ; mais qu’elle s’abstienne de récriminations, et je m’engage à ne la point humilier.