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Page:Sand - Antonia.djvu/270

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cher vos effets, que j’empêche Julien de s’effrayer au point de perdre la tête dans le premier moment, que je rassure aussi vos gens, qui vous attendraient et qui, ne vous voyant pas rentrer, feraient des recherches ou des commentaires compromettants. Allons, madame, soyez héroïque ! Calmez-vous, je reviendrai ce soir, plus tôt si je peux. Je tâcherai de vous rapporter quelque nouvelle tranquillisante du pavillon ; il faut que je réussisse à tromper Julien, bien que je ne sache pas plus que vous comment j’y parviendrai. Au revoir, attendez-moi, n’écrivez à personne ! Il ne faut pas nous contredire l’un l’autre. Vous allez pleurer amèrement ! Je vous ai fait bien du mal, pauvre femme ! et il me faut vous laisser seule : c’est affreux ! En parlant ainsi, Marcel pleurait sans y prendre garde. En voyant son affliction et son dévouement, Julie le pressa de partir, et s’efforça de lui montrer une énergie qu’elle n’avait pas. Dès qu’elle fut seule, elle s’enferma, se jeta sur le triste et pauvre lit qu’on lui avait préparé, et s’y cacha la figure, étouffant ses sanglots, tordant ses mains et s’abandonnant elle-même jusqu’à perdre la notion du lieu où elle se trouvait et le souvenir des événements qui l’y avaient si brusquement amenée.

Marcel, remonté dans son fiacre, essuya ses yeux humides, se reprocha sa faiblesse et raisonna les faits.

— Ce qu’on veut, dit-il, il faut le vouloir.

Il avait bien une dernière espérance dont il n’avait pas voulu faire part à Julie, et qui était de fléchir