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Page:Sand - Antonia.djvu/272

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— On ne vous appellera pas de tous ces noms-là, mon oncle, on ne vous appellera d’aucun nom. Il n’y en a pas pour définir la bizarrerie de votre caractère, et il n’y a que vous au monde pour avoir trouvé le secret de faire maudire la main qui enrichit !

— Allons, tu dis des phrases, tu te crois au barreau ! Va-t’en, tu m’assommes. Dis à ton Julien ce que-tu voudras ; je ne veux voir ni lui, ni toi, ni personne. Je m’en retourne à la campagne.

— C’est-à-dire que vous vous enfermez ici et que vous vous y barricadez contre toutes les bonnes raisons que je pourrais vous donner.

— Possible ! tu sais à présent que tes bonnes raisons auront beau faire, elles resteront à la porte. Marcel se garda bien de dire à son oncle qu’il avait un moyen beaucoup plus simple et moins coûteux d’empêcher le mariage : c’était d’abandonner madame d’Estrelle à sa ruine et de se fier aux sages et généreuses réflexions qu’elle avait admises. Il ne crut pas non plus devoir lui dire qu’elle refusait ses dons.

— Après tout, pensait-il, qui sait la durée de cette passion ? Dans quelque temps, Julie aura peut-être pris le dessus, et alors il lui sera fort agréable de se savoir libérée et riche encore.

Il rédigea avec M. Antoine une simple quittance conditionnelle de toute la dette, et il réussit à y faire insérer cette modification importante, qu’à l’exception d’une personne non titrée, madame d’Estrelle restait libre de convoler en secondes noces avec qui bon lui