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Page:Sand - Antonia.djvu/278

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— Oui. dit Julien encore méfiant, il y a quelque chose là-dessous, un piège peut-être !

Marcel eut grand’peine à leur faire accepter le perfide bienfait de M. Antoine. Il dut leur dire, leur jurer encore que c’était le désir et la volonté de madame d’Estrelle. Il les laissa aussi tranquilles que possible, Julien s’efforçant de ne pas troubler par ses appréhensions la joie que sa mère devait éprouver de rentrer sous le toit où elle avait vécu si longtemps heureuse. Marcel courut alors à l’hôtel, et ordonna à Camille de faire un paquet des effets nécessaires à sa maîtresse pour un court séjour à la campagne.

— Ah ! mon Dieu ! dit Camille étonnée, madame la comtesse ne me mande pas auprès d’elle ?

— C’est inutile pour si peu de temps.

— Mais madame ne sait ni se coiffer ni s’habiller seule !… Songez donc ! une personne qui a toujours été servie selon son rang !

— Elle trouvera des gens de service dans la maison où elle est.

— C’est donc chez des pauvres, puisque madame craint d’y faire nourrir ses gens ? Peut-être que madame est tout à fait ruinée elle-même ?.… Hélas ! hélas ! une si bonne et si généreuse maîtresse ! Camille se mit à pleurer, et, tout en pleurant des larmes sincères, elle ajouta :

— Et mes gages, monsieur le procureur, qui me les payera ?

— Demain, je paye tout, répondit Marcel, habitué