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Page:Sand - Antonia.djvu/318

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madame d’Estrelle n’accepte rien de vous et que vous pouvez vous emparer de tout ce qui lui appartient. Jusqu’ici, elle a suivi aveuglément mes conseils ; je change d’avis, et, ne voulant pas la voir mourir, je lui conseille de défaire tout ce à quoi elle vient de consentir.

— Mais tu es un fripon abominable ! dit M. Antoine en s’arrêtant et en criant au milieu de la rue. Je ne sais à quoi tient que je ne te casse ma canne sur les épaules !

— Un fripon ! quand je vous rends tout votre argent et ne reprends pour ma cliente que le droit de vivre pauvre ! Allons donc ! Faites-moi un procès et plaidez un peu cette cause-là, pour vous couvrir de ridicule et de honte !

— Mais Julien ! Julien que j’ai enrichi, maraud ! Voilà ce que je prévoyais ! Tu m’as extorqué…

— Rien du tout, mon oncle ! Julien a été gravement malade ces jours-ci, il l’est encore, et sa mère m’a dit : « Fais tout ce que tu voudras. Rendons tout à M. Antoine, et que Julie nous soit rendue ! » Voilà, mon oncle. Vous ne perdez pas une obole, vous récupérez capitaux et intérêts, et vous nous laissez la liberté de vivre à notre fantaisie, qu’aucune stipulation légale ou privée ne peut nous ravir.

— Mais, misérable que tu es, tu chantes la palinodie ! Je t’ai pris pour un homme raisonnable, tu abondais dans mon sens, tu désapprouvais leur mariage, tu travaillais avec moi à leur bonheur…