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Page:Sand - Antonia.djvu/343

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Je voudrais être la marraine de ce beau lis ; mais je pense qu’une autre…

Elle regardait Julie avec un mélange d’ironie et de bienveillance. Les savants n’y prirent pas garde et proclamèrent unanimement le nom d’Antonia Thierrii.

— Vous êtes bien honnêtes, messieurs, dit M. Antoine, rouge de plaisir et bégayant d’émotion ; mais j’ai une modification à vous proposer. Il est assez juste que cette plante porte mon nom ; mais je désirerais y joindre le prénom d’une personne qui… d’une dame que… enfin je demande qu’on l’appelle la Julia-Antonia Thierrii.

— C’est un peu long, dit Marcel ; mais la plante est si grande !

— Va pour Julia-Antonia Thierrii, répondirent les savants avec candeur.

— Ah ! enfin ! bravo ! c’est donc décidé ! s’écria à pleine voix la baronne d’Ancourt, en désignant Julie et en faisant avec ses deux mains blanches et grasses le signe du conjungo.

Tous les regards se portèrent sur Julie, qui, en rougissant, retrouvait déjà tout l’éclat de sa beauté.

— Pardonnez-moi, madame la baronne, dit l’oncle Antoine d’un air rusé. Je vous ai attrapée en allant chez vous pour vous prier de faire de ma part des offres de mariage à madame la comtesse d’Estrelle. Je voulais voir ce que vous diriez, et vous n’avez pas dit non : au contraire, vous avez conseillé à cette jeune dame de m’accepter ; c’est ce qui m’a décidé à