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Page:Sand - Antonia.djvu/45

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« Madame, vous avez besoin d’un parasol, puisque vous allez vous exposer au soleil. Soyez assez bonne pour vous servir du mien ; je veux vous ôter tout prétexte pour ne pas venir chez votre servante.

« Julie d’Estrelle. »


Madame Thierry regarda encore Julien, qui faisait bonne contenance en retirant le papier dont il avait enroulé le parasol. Dès qu’elle eut le dos tourné, il le couvrit de baisers comme un enfant romanesque et passionné qu’il était, malgré sa prétention d’être un homme mûr. Quant à la pauvre mère, méfiante et incertaine, elle se disait tristement que tout plaisir est escorté d’un danger dans ce monde, et qu’elle aurait peut-être à regretter l’aimable avance de sa trop séduisante voisine.

Le lendemain, la porte roulait sur ses gonds, et on remettait les clefs à madame Thierry, qui, poussée par Julien, se hasardait timidement sur les domaines fleuris de la comtesse. Celle-ci s’était promis de lui faire en personne les honneurs de ses primevères et de ses jacinthes, lorsqu’une inévitable révélation de Marcel changea le cours de ses idées et refroidit un peu son zèle.

Le procureur venait l’entretenir encore de ses affaires. Elle se hâta de lui raconter qu’elle avait fait connaissance avec sa tante, dont elle lui dit tout le bien possible. De là, elle passa aux questions.