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Page:Sand - Antonia.djvu/82

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d’acquérir ce pavillon ; mais, à présent, si madame y tient trop…

— J’y tiens sous un seul rapport, dit Julie. Il est occupé par des personnes que j’estime et que je ne voudrais nullement déranger.

— Elles ont un bail, je pense ? reprit M. Thierry, qui savait fort bien à quoi s’en tenir.

— Eh ! sans doute, dit Marcel ; vous leur devriez une bonne indemnité dans le cas où elles consentiraient à résilier ; car vous savez qu’elles ne font que de commencer la jouissance de ce bail.

— Une bonne indemnité ! reprit l’oncle en fronçant le sourcil.

— Je m’en chargerais volontiers, dit madame d’Estrelle, si…

— Si je payais en conséquence !

— Ce n’est pas là ce que j’ai voulu dire, reprit Julie avec un accent de dignité qui coupait court à toute discussion. J’ai voulu et je veux dire que, si madame Thierry, votre belle-sœur, éprouve la moindre répugnance à quitter ce logement, j’entends maintenir ses droits à toute la durée de sa jouissance, et c’est une condition que l’acquéreur ne pourrait éluder sous aucun prétexte.

— Ceci rendra l’acquisition moins prompte et moins avantageuse pour madame, dit M. Antoine, qui mourait d’envie de prononcer le doux nom de comtesse, mais qui ne pouvait encore s’y résoudre.

— Je ne vous dis pas le contraire, monsieur