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Page:Sand - Cadio.djvu/142

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paysan postillon.) Dételle tes chevaux, toi ! flanque-moi cette voiture dans les genêts, débarrasse la voie et viens t’atteler à nos caissons. Plus vite que ça !

ROXANE. Eh bien, et nous ? Va-t-on nous jeter dans les genêts aussi ?

SAINT-GUELTAS. Restez à découvert, si bon vous semble. L’avant-garde va vous bousculer tout à l’heure.

ROXANE. Vous nous quittez ?

SAINT-GUELTAS. Parfaitement. J’ai à conduire mes gens à l’assaut d’une ville, c’est un peu plus pressé que de bavarder avec vous ! (Il s’en va par où il est venu.)

ROXANE. Mais qu’a donc le marquis ? Lui autrefois si galant, si aimable, je ne le reconnais plus depuis quelques jours.

LA TESSONNIÈRE. C’est que ça va mal, ma chère amie, ça va très-mal !

ROXANE. Bast ! encore une affaire, et ce sera la fin.

LA TESSONNIÈRE. J’ai grand’peur que ce ne soit le commencement.

ROXANE. Le commencement de quoi ? Vous radotez !

LA TESSONNIÈRE. Non pas ! le commencement de misères dont vous n’avez pas l’idée.

ROXANE. Nous en avons plus que nous n’en pouvons porter. Quand on est fait comme nous voilà !… non, nous ne pouvons pas être plus malheureux !

LA TESSONNIÈRE. Si fait ! car jusqu’à présent nous avons, vous et moi, toujours trouvé quelque gîte, et nous allons, je pense, coucher en pleins champs.

ROXANE. J’aime mieux ça que les lits bretons. C’est une saleté horrible !

LE PAYSAN, qui a dételé ses chevaux. Ah ça, dites donc, les bourgeois ! au lieu d’insulter le pays, venez donc un