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Page:Sand - Cadio.djvu/198

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CADIO. Je n’avais pas osé vous le répéter, demoiselle ; mais il a dit que nous étions fiancés.

LOUISE. Et toi ; Cadio, est-ce que tu te prêterais à une supercherie… qui, après tout, n’engage en rien la conscience ? Voyons, tu réfléchis ?

CADIO. La conscience… vous êtes sûre ? Je croirai ce que vous croirez.

LOUISE. Eh, bien !… en mon âme et conscience, je crois, en bonne chrétienne, qu’un mariage où Dieu n’est pas pris à témoin n’est qu’une feuille de papier.

ROXANE. Pas même ! c’est une feuille de chou !

CADIO. Alors… dans votre cœur, vous direz non ?

LOUISE. Et toi aussi certainement !

CORNY, poussant Cadio qui rêve. Allons, allons, Cadio ! t’es républicain, on sait ça ! t’as tué Mâcheballe ; mauvaise note, quand, les blancs reviendront sur l’eau !… Mais, en sauvant la demoiselle à c’t’heure, tu te sauves pour plus tard…

CADIO. La sauver, elle ! voilà ce qui me décide. (À part.) Puisque Henri m’avait commandé de la sauver… (À Louise.) Alors ! vous le voulez ?

LOUISE. Mon pauvre Cadio, crois bien que, pour disputer ma vie à des misérables, je ne ferais pas un mensonge ; mais il s’agit de préserver mes vieux parents et ces hôtes dévoués qui seraient massacrés avec nous. — Voyons, tu as entendu parler ces égorgeurs ivres de sang ; doutes-tu encore de leur férocité ?

CADIO. Non ! c’est des fous, des malades, des malheureux ! La République va mourir !

ROXANE. Eh bien donc, tu reviens à nous, Cadio ! Aide-nous à tromper ces monstres, et dépêchons-nous. Rebec dit qu’il faut nous marier ce soir.