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Page:Sand - Cadio.djvu/213

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et de mettre à leur disposition le peu que j’ai. Tu vas me dire où elles sont, et j’y cours.

REBEC. Vous auriez grand tort d’attirer l’attention sur elles. Elles ont plus d’argent que vous. Saint-Gueltas leur en a fait tenir, et c’est en Angleterre qu’elles se proposent d’aller.

HENRI. Est-ce bien vrai, ce que tu dis là ?

REBEC. Je vous jure ! Voulez-vous que, pour plus de sécurité, j’envoie un exprès après elles, pour leur dire de filer vite ?

HENRI. Vas-y toi-même !

REBEC. Oh ! moi, un municipal, pas possible ! mais le fermier ira.

HENRI. Vite alors ! Tiens ! voilà pour payer son déplacement.

REBEC. Inutile, gardez ça. Il ira par dévouement à ces dames, et il ira plus vite que vous qui ne connaissez pas les chemins. Allez-vous-en, les garnisaires sont par là. Je tremble qu’ils ne vous voient !

HENRI. Adieu donc ! tu réponds…

REBEC, avec une dignité burlesque. Je réponds de tout. Retournez à votre poste, citoyen lieutenant ! (Henri s’éloigne.) Et nous… retournons à ma noce ! (Il rentre.)

HENRI, revenant sur ses pas. Il me trompe… Je ne sais pas pourquoi il me semble… Ce n’est pas un méchant homme, il ne les livrerait pas ; mais il craint la mort, et, dans ces temps de fureur, quiconque tient à la vie est capable de tout ! Le temps marche, chaque instant me perd, et je ne sais que faire pour que mon danger serve à ces pauvres femmes ! Tiens ! un homme endormi… ou ivre ! Cadio ! tout est sauvé. (Il le secoue et l’appelle à voix basse.) Cadio ! Cadio, mon ami !

CADIO. Ah ! vous me faites mal, vous !