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SIXIÈME PARTIE


PREMIER TABLEAU


À Nantes. — Une petite chambre sous les toits. — Une trappe s’ouvre au plafond de bois en mansarde. — Une table est couverte de livres, de cartes de géographie, de journaux et de brochures. Un grabat et deux chaises de paille composent tout l’ameublement. La fenêtre, étroite et longue, plongeant sur les fossés formés par l’Erdre et la Loire, occupe le recoin d’une vieille maison très-élevée accolée à un angle de la prison du Bouffay. — La masse noire de l’antique édifice ne laisse percer qu’un rayon de lune qui frappe sur la guillotine, dressée en permanence sur la place des exécutions et aperçue par une échappée de murailles nues et sombres. — Cadio lit dans l’obscurité, où il semble voir comme un chat. — Henri entre. Il est en petite tenue militaire.



Scène PREMIÈRE. — HENRI, CADIO.


CADIO. Ah ! enfin ! mon ami, te voilà ! je n’espérais plus te voir aujourd’hui. Je savais pourtant que tu étais revenu sain et sauf.

HENRI. Huit jours durant, nous avons donné la chasse à MM. les chouans. Je n’ai pas voulu me coucher sans avoir de tes nouvelles. Comment te sens-tu ? voyons !

CADIO. Très-bien ; j’aurais pu aller aux manœuvres,