Page:Sand - Cadio.djvu/25

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LE COMTE. Vous dites malheureusement ?

LE CHEVALIER. Oui, monsieur le comte. L’inaction à laquelle, par égard pour vous, nous nous sommes condamnés, commence à me peser plus que je ne puis dire. J’espère qu’en présence d’une force considérable telle qu’on l’annonce, vous ne conseillerez point à la garde nationale du district une résistance inutile… et désastreuse !

LE COMTE. Je prendrai conseil des circonstances, chevalier. Il faut d’abord savoir s’il s’agit ici d’une véritable armée commandée par des chefs raisonnables, auquel cas j’engagerai les gens de la ville à se soumettre ; mais, si c’est un ramassis de bandits sans ordre et sans mandat…

RABOISSON. J’ai envoyé à la découverte, nous saurons bientôt à quoi nous en tenir. Le bruit du moment est que cette troupe est commandée par Saint-Gueltas.

LE COMTE. Qui appelez-vous ainsi ? Je ne me souviens pas…

RABOISSON. Eh ! c’est le petit nom du fameux marquis !

LOUISE. Le marquis de la Roche-Brûlée ? Ah ! mon père, on le dit si cruel !… Soyez prudent !

ROXANE. Et on le dit invincible ! Mon frère, ne vous y risquez pas.

LE COMTE. Je ferai mon devoir ; si cet homme agit de son chef et sans ordre de la cour, je conseillerai et j’organiserai la résistance.

RABOISSON. Mais s’il est en règle ?… et il y est, je vous en réponds… Saint-Gueltas est aussi prudent que hardi.

LOUISE. Vous le connaissez, monsieur de Raboisson ?