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Page:Sand - Cadio.djvu/285

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de Sauvières est une personne si romanesque, pour ne pas dire si niaise dans ses opinions, que vous saurez diriger le marquis sans qu’elle s’en aperçoive. Elle déteste les Anglais et n’aime guère les émigrés ; vous vaincrez aisément les préjugés qu’elle pourrait entretenir dans l’esprit de son mari.

LA COMTESSE. Allons, je vois qu’en qualité d’émigré vous-même, vous avez besoin de moi. Je serai bonne femme, je vous le promets ! (Entre Saint-Gueltas, tenant Louise par la main. Elle est vêtue en mariée. Roxane les suit.)

SAINT-GUELTAS. Mesdames, permettez-moi de vous présenter celle qui sera dans un quart d’heure la marquise de la Rochebrûlée. (Il la conduit d’abord à la comtesse, qui lui tend la main ; Louise lui donne la sienne avec effroi. Saint-Gueltas s’adressant aux hommes qui se rapprochent de lui.) Messieurs, souffrez que je vous présente à ma fiancée.

LA COMTESSE, à Raboisson pendant que Saint-Gueltas présente à Louise l’émissaire des princes et ceux des autres invités qu’elle ne connaît point. Dites-lui de changer de voile, le sien est déchiré. Voyez, à l’épaule, c’est de mauvais présage en temps de guerre !

RABOISSON. Bah ! c’est la fille de chambre en lui mettant les épingles ; mieux vaut qu’elle ne s’en aperçoive pas.

LA COMTESSE. Et puis il y a peut-être du danger à déranger les longs plis qui cachent sa taille !

RABOISSON. Méchante que vous êtes !

SAINT-GUELTAS. Tout est prêt ; rendons-nous à la chapelle. (Il invite l’émissaire à offrir la main à la mariée et va présenter la sienne à la comtesse, comme à la personne la plus considérable de la réunion.)

LA COMTESSE, bas. Ah ! vous me faites les grands honneurs, infidèle ? C’est pour me consoler !