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Page:Sand - Cadio.djvu/47

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a-t-elle le droit de détourner les yeux avec terreur… ou dédain ?

LOUISE, émue. Eh bien, monsieur, voici mon gage ! (Saint-Gueltas s’agenouille pendant qu’elle le lui attache au bras.) Voyez-y la preuve de mon enthousiasme pour la foi de mes pères, dont vous êtes le champion. Il faut que cet enthousiasme soit immense pour me faire oublier que vos victoires ont été souillées par des crimes !

SAINT-GUELTAS, bas, en se relevant. Aimez-moi, adorable enfant, et je deviendrai miséricordieux ! (Il s’éloigne.)

LA KORIGANE, bas, à Louise stupéfaite et comme éperdue. Ah ! il vous a regardée… il vous a parlé bas… Et voilà que vous l’aimez ?

LOUISE. Taisez-vous, laissez-moi !

LA KORIGANE, jalouse. Je vous dis que vous l’aimez, demoiselle. Ce sera tant pis pour vous, ça ! (Louise se réfugie auprès de sa tante.)

RABOISSON, à Saint-Gueltas. La belle Louise n’a pas demandé grâce pour nous ; j’espère que tu ne renonces pas à nous tirer d’ici ?

SAINT-GUELTAS, bas. La belle Louise vient de condamner son père à nous suivre sur l’heure.

RABOISSON. Comment ça ?

SAINT-GUELTAS. Parce que, pour emmener l’une, il me faut emmener l’autre. Comprends-tu ?

RABOISSON. J’ai peur de comprendre ! Es tu déjà épris de mademoiselle de Sauvières ?

SAINT-GUELTAS. Comme un fou !

RABOISSON. Allons donc !

SAINT-GUELTAS. Quoi d’étonnant ? L’amour naît d’un regard, et un regard, c’est la durée d’un éclair.

RABOISSON. Diable ! tu as dit que tu ne te mariais pas, et pour cause ! Mais cette fille est pure, son père