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Page:Sand - Cadio.djvu/89

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en m’appelant renégat. Alors, j’ai été devant moi au hasard, et, un jour, les brigands m’ont pris — du côté d’ici. Ils m’ont mis dans la main une quenouille, et ils m’ont amené dans ce château où nous voilà, en me disant : « Donne ça au vieux seigneur qui est là, devant toi. »

HENRI. À M. de Sauvières, une quenouille ?

CADIO. Oui. Ça l’a fâché ! Moi, je ne savais pas pourquoi ; on me l’a expliqué ensuite.

HENRI. Il y a de cela trois mois ?

CADIO. À peu près quatre.

HENRI. Et, comme cette offense a décidé M. de Sauvières à suivre les brigands, tu les as suivis aussi ?

CADIO. Ils m’y ont obligé.

HENRI. Malgré toi ?

CADIO. Malgré moi d’abord. Et puis elle m’a dit : « On ne danse plus, Cadio. Tu vas mourir de faim, reste avec nous ; tu sonneras ta cornemuse à l’élévation, quand nos bons prêtres nous diront la vraie messe dans les champs. »

HENRI. Qui t’a dit cela ?

CADIO. Elle !

HENRI. La demoiselle de Sauvières ? (Cadio fait signe que oui.) Tu la connais ? Parle-moi d’elle ! Où est-elle à présent ? (Cadio secoue la tête.) Tu ne sais pas, ou tu ne veux pas dire ?

CADIO. Je ne veux pas.

HENRI. Je suis son parent et son ami.

CADIO. Ça ne se peut pas.

HENRI. Tu peux me dire au moins si elle est en lieu sûr ; c’est tout ce que je désire.

CADIO. Je ne dirai rien.