Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/130

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— Si fait, je suis bien aise de le savoir. Ton grand prestige pour Césarine venait de ce qu’elle t’attribuait la pureté des anges.

— Dites-lui que je ne l’ai plus.

— Mais où prends-tu le temps d’avoir une maîtresse ?

— C’est parce que je lui donne tout le temps dont je peux disposer que je ne vais pas dans le monde et ne perds pas une minute en dehors de mon travail ou de mes affections.

— À la bonne heure ! es-tu heureux ?

— Très-heureux, ma tante.

— Elle t’aime bien ?

— Non, pas bien, mais beaucoup.

— C’est-à-dire qu’elle ne te rend pas heureux ?

— Vous voulez tout savoir ?

— Eh ! mon Dieu, oui, puisque je sais un peu.

— Eh bien !… écoutez, ma tante :

Il y a deux ans, deux ans et quelques mois, je me rendais de la part de mon patron chez un autre éditeur, qui demeure en été à la campagne, sur les bords de la Seine. Après la station du chemin de fer, il y avait un bout de chemin à faire à pied, le long de la rivière, sous les saules. En approchant d’un massif plus épais, qui fait une pointe dans l’eau, je vis une femme qui se noyait. Je la sauvai, je la portai à une petite maison fort pauvre, la première que je trouvai. Je fus accueilli par une espèce de paysanne qui fit de grands cris en reconnaissant sa fille.