Aller au contenu

Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/15

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

voulais juger par moi-même et que j’eusse craint d’aborder avec une prévention quelconque.

On nous avait présentées l’une à l’autre. Elle était admirablement jolie et même belle, car, si elle avait encore la ténuité de l’adolescence, elle possédait déjà l’élégance et la grâce. Ses traits purs et réguliers avaient le sérieux un peu imposant de la belle sculpture. Son deuil et sa tristesse lui donnaient quelque chose de touchant et d’austère, tellement qu’à première vue je m’étais sentie portée à la respecter autant qu’à la plaindre.

Quand je fus pour la première fois seule avec elle, je crus devoir établir nos rapports avec la gravité que comportait la circonstance.

— Je n’ai pas, lui dis-je, la prétention de remplacer, même de très-loin, auprès de vous, la mère que vous pleurez ; je ne puis même vous offrir mon dévouement comme une chose qui vous paraisse désirable. On m’a dit que je vous serais utile, et je compte essayer de l’être. Soyez certaine que, si l’on s’est trompé, je m’en apercevrai la première, et tout ce que je vous demande, c’est de ne pas me croire engagée par un intérêt personnel à vous continuer mes soins, s’ils ne vous sont pas très-sérieusement profitables.

Elle me regarda fixement comme si elle n’eût pas bien compris, et j’allais expliquer mieux ma résolution, lorsqu’elle posa sa petite main sur la mienne en me disant :

— Je comprends très-bien, et si je suis étonnée,