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Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/212

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dont les yeux étaient ouverts, et qui fit un faible mouvement pour approuver et remercier. Nous comprimes tous que nous devions lui laisser un repos absolu, et nous sortîmes de la chambre, où Paul resta avec M. de Valbonne et le médecin. Tel était le désir du marquis, qui s’exprimait par des signes imperceptibles.

Césarine ne voulait pas quitter la maison ; elle écrivit à son père pour lui annoncer cette malheureuse affaire et le prier de venir la rejoindre. Dès qu’il fût arrivé, je courus chez Marguerite afin de la préparer à ce qui venait de se passer. Paul m’avait fait dire par le jeune Latour de vouloir bien prendre ce soin moi-même et de remettre en même temps à Marguerite, lorsqu’elle serait bien rassurée sur son compte, la lettre de pardon et d’amitié qu’il lui avait écrite durant la nuit.

Pour la première fois, je vis Marguerite comprendre la grandeur du caractère de Paul et se rendre compte de toute sa conduite envers elle. La vérité entra dans son esprit en même temps que le repentir et la douleur s’exhalaient de son âme. Je lui dissimulai la gravité de la blessure du marquis. Je la trouvais bien assez punie, bien assez épouvantée. La lettre de Paul acheva cette initiation d’une nature d’enfant aux vrais devoirs de la femme. Elle me la fit lire trois ou quatre fois, puis elle la prit, et, à genoux contre mon fauteuil, elle la couvrit de baisers en l’arrosant de larmes. Je dus rester deux heures auprès d’elle pour l’apaiser, pour la confesser et