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Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/251

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reste de la belle saison, tantôt sur sa chaise longue, dans l’ombre fraîche de ses vastes appartements, tantôt en voiture un peu avant le coucher du soleil, de prendre du fer, du quinquina, et de se coucher de bonne heure. Elle se soumit d’un air d’indifférence, se fit apporter beaucoup de livres et se plongea dans la lecture, comme une personne détachée de toutes les choses extérieures ; puis elle prit des notes, entassa de petits cahiers, et un beau matin elle me dit :

— Durant ces jours de loisir et de réflexion, tu ne sais pas ce que j’ai fait ? J’ai fait un livre ! Ce n’est pas un roman, ne te réjouis pas ; c’est un résumé lourd et ennuyeux de quelques théories philosophiques à l’ordre du jour. Cela ne vaut rien, mais cela m’a occupée et intéressée. Lire beaucoup, écrire un peu, voilà un débouché pour mon activité d’esprit ; mais, pour que cela me fasse vraiment du bien, il faut que je sache si cela vaut la peine d’être dit et celle d’être lu ; j’ai écrit à ton neveu pour le prier de me donner son avis, et je lui ai envoyé mon manuscrit, puisque sa spécialité est de juger ces sortes de choses. Je ne tiens pas à être imprimée, je tiens seulement à savoir si je peux continuer sans perdre mon temps.

— Et il t’a répondu ?…

— Rien, sinon qu’il avait pris connaissance de mon travail et qu’il n’avait guère le temps de m’en faire la critique dans une lettre, mais qu’en un quart d’heure de conversation il se résumerait beaucoup