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Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/281

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je ne l’oublierais pas, mais j’aurais moins de motifs pour le voir souvent. Dis-lui que j’ai reconnu la supériorité de son jugement ; qu’il arrête le tirage ; je recommencerai tout. Dis-lui aussi que cela ne me coûte pas, s’il me croit capable de faire quelque chose de bon.

Tant de sagesse et de douceur, dont il ne m’était plus permis de lui dire la cause véritable, désarma Paul, et fit faire à Césarine un grand pas dans son estime ; mais plus ce sentiment entrait en lui, plus il paraissait s’y installer pur et tranquille. Césarine ne s’attendait pas à l’obstination qu’il mit à rester chez lui le soir ; on eût dit qu’il s’y plaisait. J’allais le voir le dimanche.

— Marguerite va moralement beaucoup mieux, me disait-il. J’ai réussi à lui persuader qu’il m’était plus agréable de lui faire plaisir que de me procurer des distractions en dehors d’elle. Au fond, c’est la vérité ; certes sa conversation n’est pas brillante toujours et ne vaut pas celle de la marquise et de ses commensaux ; mais je suis plus content de la voir satisfaite que je ne souffre de mes sacrifices personnels. Mon devoir est de la rendre heureuse, et un homme de cœur ne doit pas savoir s’il y a quelque chose de plus intéressant que le devoir.

Marguerite se disait heureuse. N’étant plus forcée de travailler pour vivre, elle lisait tout ce qu’elle pouvait comprendre et se formait véritablement un peu ; mais elle était malade, et sa beauté s’altérait. Le médecin de Césarine, qui la voyait quelquefois, me dit en confidence qu’il la croyait atteinte d’une maladie