Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/284

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et qu’elle ne pouvait se défendre d’en être contente. Le dîner fut triste, bien que le petit Pierre, qui se comportait fort sagement et qui commençait à babiller, réussit par moments à nous dérider. Paul eut été volontiers enjoué, mais il voyait Césarine si étrangement distraite qu’il en cherchait la cause, et se sentait inquiet lui-même sans savoir pourquoi. Quand nous sortîmes de table, il me demanda tout bas si la marquise avait quelque sujet de tristesse. Il craignait que le jugement porté sur son livre, ne lui eût, par réflexion, causé quelque découragement. Césarine entendait tout avec ses yeux : si bas qu’on pût parler, elle comprenait de quoi il était question.

— Vous me trouvez triste, dit-elle sans me laisser le temps de répondre ; j’en demande pardon à Marguerite, que j’aurais voulu mieux recevoir, mais je suis très-troublée : j’ai reçu tantôt de mauvaises nouvelles du marquis de Rivonnière.

Comme elle ne me l’avait pas dit, je crus qu’elle improvisait ce prétexte. La dernière lettre de M. de Valbonne à M. Dietrich n’était pas de nature à donner des inquiétudes immédiates. J’en fis l’observation. Elle y répondit en nous lisant ce qui suit :

« Mon pauvre ami m’inquiète chaque jour davantage. Sa vie n’est plus menacée, mais ses souffrances ne paraissent pas devoir se calmer de si tôt. Il me charge de vous présenter ses respects, ainsi qu’à madame de Rivonnière.

« Vicomte de Valbonne »