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Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/79

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de me voir en possession de ce petit secret. Elle ne sut pas tout de suite comment la restitution avait été faite.

Elle ne m’en parla pas ; mais au bout de quelques jours elle me raconta le fait elle-même, et me demanda si les lettres avaient passé par les mains de son père. Je la rassurai.

— Elles t’auront été rapportées, lui dis-je, par la personne qui servait d’intermédiaire à votre correspondance.

— Il n’y a personne, répondit-elle. Je ne suis pas si folle que de me confier à des valets. Nous échangions nos lettres nous-mêmes à chaque entrevue. Il m’apportait les siennes dans un bouquet. Il trouvait les miennes dans un certain cahier de musique posé sur le piano, et qu’il avait soin de feuilleter d’un air négligent. Il jouait assez bien cette comédie.

— Et cependant tu m’avais priée d’assister à vos entrevues ! Pourquoi écrire en cachette, quand tu n’avais qu’à me faire un signe pour m’avertir que tu voulais lui parler en confidence ?

— Ah ! que veux-tu ? ce mystère m’amusait. Et qu’est-ce que mon père eût dit, si je t’eusse fait manquer à ton devoir ? Voyons, ne me fais pas de reproches, je m’en fais ; explique-moi comment ces lettres sont là. Il faut qu’il ait pris un confident. Si je le croyais !…

— Ne l’accuse pas ! Ce confident, c’est moi.

— À la bonne heure ! Tu l’as donc vu ?

Je racontai tout, sauf le moyen que M. de Rivonnière