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Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/115

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tions. Elle ne paraissait faire aucune remarque sur les étrangers, et jamais la maison n’avait été plus honorable ; mais il y avait sur ma grand’mère et sur nous tous un reflet de la droiture d’esprit et de la fermeté d’humeur de Jennie. Nous étions, grâce à l’habitude de vivre avec elle, plus solides dans nos idées et plus sérieux dans nos manières. L’aspect de la maison, tout, jusqu’à l’arrangement des choses et à l’ordonnance des repas, avait un cachet de décorum et de dignité dont on ressentait l’influence secrète. Le laisser aller de la vie méridionale avait fait place à la véritable hospitalité, plus réelle parce qu’elle est plus soutenue.

J’ai connu le parfait bonheur. De quel droit me plaindrais-je aujourd’hui de la destinée ? J’ai été admirablement et parfaitement aimée. Combien d’autres innocents de mon âge n’ont connu que l’abandon et l’injustice !




XVI


En 1818, j’avais quatorze ans, Marius en avait dix-sept. Mon éducation était assez avancée pour mon âge ; la sienne était tout ce qu’elle pouvait