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Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/123

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pardon à ma grand’mère d’un moment de vivacité que rien, disait-il, ne motivait dans la conduite de M. Frumence Costel à son égard. Il regrettait de m’en avoir rendue témoin, mais il ne jugeait pas nécessaire, malgré les insinuations de sa tante, de se réconcilier avec son précepteur.

— Je ne le reverrai pas de sitôt, ajouta-t-il, et, n’ayant plus rien à démêler avec lui, il n’y a plus de discussion possible entre nous. Je viens vous remercier de vos bontés pour moi et vous dire, ma chère tante, que j’entends, à ma majorité, indemniser M. Frumence pour les leçons qu’il m’a données, et M. de Malaval pour l’hospitalité qu’il va me donner durant mon stage. Je ne veux rien devoir à personne ; j’espère que vous comprenez cela et que vous n’en avez jamais douté.

Ma grand’mère avait été fort triste, surtout depuis deux jours, et, en l’entendant parler avec cette orgueilleuse froideur, elle ne put contenir son blâme et sa compassion.

— Pauvre enfant ! lui dit-elle en l’embrassant avec une certaine solennité, je voudrais qu’il vous fût permis de vous débarrasser ainsi de toute obligation et de vous croire affranchi de toute gratitude ; mais la vérité, que je vous aurais ménagée si vous fussiez resté chez moi dans des idées raisonnables, je suis forcée de vous la dire brusque-