Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/139

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et une tante… si bonne qu’elle soit, ce n’est pas la même chose. Une sœur… tu n’es pas la mienne !

— Je croyais que c’était tout comme.

— Oui, à présent ; mais dans deux ou trois ans ce ne sera plus tout comme ; tu te marieras, et les maris n’aiment pas les cousins.

— Pourquoi ?

— Que tu es sotte avec tes pourquoi ! Ils en sont jaloux, voilà ! Ils supposent toujours que les cousins ont de l’amour pour les cousines.

— Mais puisque tu n’en as pas pour moi ?

— Je n’en ai pas, parce que tu es trop jeune ; mais, quand tu seras plus grande, j’en pourrais avoir, et cela ne vaudrait rien. Tu es trop riche pour moi.

— La richesse ne signifierait rien, si nous nous aimions.

— Ça, c’est juste. Voilà la seule chose raisonnable que tu aies dite. Quand on est d’une naissance égale, quand on a été élevés ensemble et qu’on n’est affreux ni l’un ni l’autre, on peut bien se marier, et alors, ce qui est à l’un est à l’autre. Si la femme est riche, le mari tâche de s’enrichir aussi. Tout vient avec l’âge et l’expérience, et le monde approuve. Mais, pour se marier ensemble, il faut se convenir, et, quand tu seras grande, tu auras peut-être de l’ambition, de la coquetterie, un