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Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/148

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Dès ce jour-là, Frumence avait compris qu’il ne pouvait plus être utile à Marius, et que la jalousie ridicule de cet enfant pouvait lui faire à lui-même une situation ridicule dans la maison. Il avait senti que l’un des deux devait céder la place à l’autre, et il n’eût pas admis que ce ne fût pas lui. Il l’avait cherché pour lui déclarer qu’il comptait se retirer, et, ne l’ayant pas trouvé, il avait parlé à ma grand’mère, prétexté des travaux qui allaient absorber tout son temps, et, sans montrer ni regret ni faiblesse, il avait disparu sans bruit. Il s’en allait pourtant le cœur navré, ce pauvre Frumence ; mais il avait du courage, lui, et une persévérance à toute épreuve.




XXI


Je ne dois pas oublier un événement qui, pour la première fois, me donna l’idée de l’étrange position qu’en dépit de mon bonheur et de ma sécurité j’occupais dans le monde.

Il y avait environ un mois que Marius nous avait quittées, lorsque j’allai à Toulon avec Jennie pour quelques emplettes. Nous rencontrâmes dans une