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Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/150

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gante ! lui-dit-elle. Je vous reconnais bien ! C’est vous qui avez ramené cette fille (en parlant ainsi, elle me désignait) à la pauvre madame de Valangis ; mais ce n’est pas là son enfant, c’est la vôtre.

Madame Capeforte, qui écoutait Denise avec avidité, fit semblant de vouloir la détromper, tout en demandant insidieusement à Jennie si c’était elle, en effet, qui m’avait ramenée à ma grand’mère. Jennie répondit qu’elle ne savait ce qu’on voulait lui dire, et Denise s’emporta contre elle en invectives, assurant toujours qu’elle la reconnaissait.

— Et comment voulez-vous qu’on croie à vos mensonges ? s’écria-t-elle ; est-ce moi qui serai votre dupe, quand je sais bien que l’enfant est mort ? Et comment ne saurais-je pas qu’il est mort, puisque c’est moi qui l’ai tué ?

— Taisez-vous, Denise, lui dit madame Capeforte du ton dont elle lui eût dit de parler encore ; voilà que votre tête se perd. Vous n’auriez pas tué un enfant que vous nourrissiez, à moins d’être folle.

— Et qui vous dit que je ne l’étais pas ? reprit Denise avec véhémence. Est-ce que je sais, moi, quand j’ai commencé à l’être ? Non, je ne m’en souviens pas. Je sais qu’on m’a enfermée après, et qu’on m’a fait souffrir tous les martyres ; mais je