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Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/158

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XXII


Frumence et Marius partis, une vie nouvelle, une vie pleine de dangers intellectuels, commença pour moi.

Je crois que l’éducation d’une femme ne doit pas être dirigée exclusivement par des femmes, à moins qu’on ne la destine au cloître ; et, sans que je pusse m’en rendre compte, je ressentis bientôt la privation de cet aliment plus mâle et plus large que m’avait procuré jusque-là l’enseignement de Frumence.

On fit venir une gouvernante qui s’ennuya au bout de quinze jours, et puis une seconde qui m’ennuya bien plus longtemps et me fit beaucoup de mal. Ce fut la faute de la trop grande modestie de ma pauvre Jennie. Elle ne crut pas pouvoir suffire à la tâche, et Dieu sait pourtant qu’en me faisant établir un échange de cahiers, de livres et de notes avec Frumence, avec le don qu’elle possédait de s’intéresser à tout, de comprendre l’esprit et le but de toutes choses, enfin de rendre le travail attrayant, elle eût pu continuer en sous-