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Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/171

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n’avais revu les Pommets. L’aspect mystérieux et désolé du village était toujours le même : l’église ne se relevait pas de ses ruines, l’abbé Costel devenait une ruine lui-même.

Après l’office, nous ne pûmes nous dispenser d’aller lui rendre visite chez lui. J’étais, d’ailleurs, impatiente de voir Frumence, qui n’avait pas encore paru. C’est le garde champêtre qui servait la messe en présence du maire et de maître Pachouquin, le cinquième habitant.

Frumence nous savait là pourtant ; mais il avait voulu nous préparer une hospitalité moins aride que la première fois. Il avait gardé ses habitudes de propreté, et, ne pouvant vaincre l’horreur de l’ordre qui caractérisait son oncle, il avait voulu nous épargner le déplaisir de revoir la partie du presbytère habitée par M. Costel. Il demeurait bien toujours sous le même toit que son oncle ; mais il s’était fait, d’une ancienne cuisine et du garde-manger attenant, un grand cabinet de travail et une petite chambre à coucher. Il avait reblanchi lui-même les murs noircis du local, il avait relevé le carrelage, il s’était fabriqué une grande table et deux siéges en bois rembourrés d’algue et couverts de pagne. Il avait planté et dirigé autour de ses portes et fenêtres des rosiers grimpants, des jasmins d’Espagne et des pieds de vigne. Le bas des