Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/173

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

la crème de chèvre, du pain et des fruits très-proprement servis. La salle était appétissante aussi ; pas de toiles d’araignée, pas de jeccos ni de scorpions courant sur les murs, comme autrefois j’en avais vu avec horreur chez le curé. Les antiques chenets étaient brillants, et le pavé était couvert d’une natte espagnole, présent d’un ami voyageur ou commerçant.

Frumence vit avec plaisir la surprise et la satisfaction que je ressentais de le trouver si confortablement logé après avoir craint le dégoût que m’inspirait autrefois son ermitage.

— N’est-ce pas Jennie, lui dis-je, qui vous a appris à arranger votre intérieur, comme notre jardinier vous a appris à arranger le jardin ?

— Oui, c’est Jennie, répondit-il ; c’est madame Jennie qui m’a instruit par son exemple. Elle m’a fait comprendre que les choses qui nous entourent doivent être l’emblème de notre bonne conscience et ne jamais choquer la vue. Quand même on vit seul au monde, il faut toujours être prêt à recevoir le voyageur ou l’ami que le ciel nous envoie. Aujourd’hui, c’est fête pour moi, mademoiselle Lucienne ; j’aurais été bien heureux que madame Jennie pût vous accompagner, mais vous lui direz que vous ne vous êtes pas trouvée trop mal reçue dans ma thébaïde. Voulez-vous